Je ne vous ai pas encore raconté nos vacances d’été aux Canaries et il est d’ailleurs peut être un peu trop tard pour vous parler de nos quinze jours au soleil, entre piscine et mer. Quinze jours passés à surveiller les enfants qui courraient partout, surtout autours des piscines. Quinze jours passés à manger et boire à toute heure, quinze jours vraiment agréables. Pour le repos on repassera mais nous avons passé d’excellentes vacances. (Et voila comment on s’évite la rédaction d’un billet).
Pendant ces vacances, il s’est passé quelque chose. Ou plutôt, il ne s’est pas passé une chose et j’y pense encore. Cela concerne les jumeaux et également notre quotidien depuis que nous faisons partie du club des parents de multiples.
Que ce soit pendant la grossesse ou depuis que les petits sont là, la gémellité a toujours éveillé la curiosité et l’envie de discuter chez les gens que nous croisons. Et quand il s’agit de jumeaux, de parents de jumeaux, de grands parents de jumeaux, de frères ou soeurs de jumeaux, l’intérêt pousse irrémédiablement à la discussion. Nous aimons bien discuter avec des parents de jumeaux ou des jumeaux adultes, on compare, on se comprend, on apprend plein de choses les uns des autres. Il y a une sorte de lien ténu qui nous unit, un échange de regards quand deux poussettes doubles partagent un trottoir, un signe de la tête et un sourire qui disent « Mauvaise nuit ? C’est dur mais ça passe ! »
Pendant ces vacances en club, nous avons croisé une famille avec une poussette double, dans laquelle étaient installés deux tout petits bébés. Des jumeaux. Ils étaient accompagnés d’un grand frère, de parents et de grands-parents, un voyage familial au soleil à quelques heures de leur Angleterre natale. Nous logions dans le même hôtel, nous baignions dans la même piscine, mangions dans le même restaurant. Pendant plus d’une semaine nous avons passé nos journées «ensemble» et à aucun moment nous n’avons parlé de notre point commun, les jumeaux. J’ai bien tenté quelques regards appuyés, des sourires et des «Hello» mais rien n’y a fait, les parents étaient totalement fermés à la discussion. La personne de leur famille avec qui j’ai le plus parlé, c’est leur grand garçon de quatre ans. Et je ne comprends pas. Je ne comprends pas car jusqu’à présent, nos jumeaux ouvraient toutes les portes de la discussion. Je ne comprends pas parce que j’adore parler avec d’autres parents de multiples plus âgés, pour savoir ce qui nous attend quand ils auront 3 ans et plus. Et j’aime aussi discuter avec des parents qui viennent d’avoir des jumeaux, ça me fait plaisir de repenser aux premiers mois des miens.
Et eux, ils n’ont même pas remarqué que nous étions là. Sur le coup ça m’a un peu agacée, un peu beaucoup vous dirait mon cher mari. J’ai rongé mon frein et fini par ignorer la mère, qui de toute évidence n’avait aucun conseil à recevoir. Elle profitait de ses vacances, la plupart du temps allongée sur un transat avec un magazine, parfaitement remise de sa grossesse gémellaire et arborant fièrement un deux pièces taille 38, les grands parents s’occupant très souvent des bébés. Tant mieux pour elle. Un peu jalouse peut être, de tout ce temps «libre» dont elle bénéficiait et encore plus de sa taille de guêpe, j’ai fini par me dire qu’elle ne méritait pas que je m’agace pour elle. De toute façon, je n’avais pas le temps de bien m’énerver, Isaq courrait encore vers la grande piscine pendant que sa soeur vidait les verres qu’elle trouvait sur son chemin.
Mais ce non évènement m’a marquée. La preuve, je viens d’en faire un billet à rallonge. Cette maman avait certainement ses raisons pour ne pas discuter. Je ne suis pas particulièrement bavarde et pourtant je pourrais parler des heures entières de mes enfants. Elle n’avait sans doute pas autant que moi, la gémellité heureuse.