Que ce n’est pas grave, qu’ils en auront d’autres. Ils n’en veulent pas d’autres à cet instant, ils le veulent, lui.
Ne leur dites pas que la nature est bien faite, elle est impitoyable et injuste pour eux à ce moment là.
Ne leur dites pas que ça aurait été plus dur s’il avait vécu quelques mois. Il a bougé dans le ventre de sa Maman, ses parents ont vu son coeur battre à l’échographie, il représentait le futur.
Ne leur dites pas qu’ils finiront par oublier, ils veulent seulement que la douleur viscérale qui les habite s’envole et ne surtout pas oublier une seule seconde de ce qu’ils ont partagé avec leur enfant. Et l’oubli est certainement la chose qui les terrifie le plus, ils ne veulent pas oublier leur enfant et ne veulent pas non plus que vous l’oubliez.
Ne leur dites pas que vous avez failli perdre votre enfant à la naissance. Si vous ne l’avez pas perdu, vous ne savez pas.
Ne leur dites pas qu’à leur place vous n’auriez pas tenu le choc, ils doivent vivre chaque jour avec cette absence, ils n’ont pas le choix. Et ils se sentent déjà assez coupables comme ça de vivre encore.
Personne n’est jamais préparé à être confronté un jour à des parents qui ont perdu leur bébé, que ce soit au cours de la grossesse ou dans les premiers mois de vie. On sous-estime la portée de certaines paroles, la peine qu’elles peuvent ajouter à l’immense douleur ressentie.
Si vous vous sentez le courage d’en parler avec ces parents, demandez-leur avant s’ils souhaitent en discuter. Si c’est le cas, parlez leur de ce bébé qu’ils ont perdu. Demandez son prénom et prononcez le. Si les mots vous manquent, dites leur que vous êtes désolé. Ce n’est pas grand chose mais c’est suffisant. Et prenez les dans vos bras, un câlin vaut mieux qu’un long discours. Vous n’imaginez pas à quel point le contact et la chaleur de l’autre peuvent être réconfortants, parfois, pour certains.
Il y a neuf ans aujourd’hui que notre petit Ilian nous a quittés. Je n’ai rien oublié. Les paroles qui m’ont fait mal et celles qui m’ont fait du bien. Mais je garde avant tout en mémoire les mots qui adoucissent la peine et les petites attentions remplie d’empathie.
Je n’ai jamais eu l’occasion de dire merci à tous ceux qui nous ont, par leur présence et leurs mots, aidés dans notre travail de deuil.
Alors merci, du fond du coeur.