Il est l’heure. L’heure de nous dire au revoir. Après des années de passion, des années de vie commune intenses, quelques bas et de nombreux hauts. Tu vas partir, ils en ont décidé ainsi. La vie d’un journal n’est pas toujours facile. Toi, on va t’amputer de plusieurs centimètres, dans la hauteur et dans la largeur. Pourquoi ? Parce que c’est la presse. La presse qui se meurt et qui essaye de reprendre son souffle, en se faisant plus petite. Plus passionnante aussi, je l’espère.
On ne m’a pas demandé mon avis, mais à tous ceux avec qui j’en ai parlé je répète «Mais moi je l’aimais bien le journal en grand !» On ne m’a pas demandé mon avis alors je le dis ici. Ça va être dur, au début de s’habituer. À ces toutes petites unes pour commencer. Parce que c’est la première chose que l’on voit quand on découvre un journal. Sa une. J’en ai des dizaines en mémoires, des unes de victoires principalement. Il y a des unes qui me touchent plus personnellement, parce qu’elles me renvoient à des souvenirs agréables. Du temps où jeune fille de quinze ans, j’allais acheter le journal parce qu’Auxerre avait éliminé l’Ajax d’Amsterdam en Coupe de l’UEFA. Ou encore l’année du doublé, Championnat-Coupe de France, en 1996, je passais mon bac et je lisais L’Équipe, avec mes copains. Et bien sur il a la une du lendemain de la victoire de la France, pendant la Coupe du Monde 1998. La plus fameuse, ma préférée, comme plusieurs millions de français. Celle que je n’ai pas pu acheter le lundi parce qu’il n’y avait plus de journal nulle part à 10h du matin. À cette époque je rêvais d’y travailler.
Seize ans après y avoir débuté ma vie professionnelle, la passion et le rêve sont un peu émoussés, mais je l’aime toujours mon journal. Ce nouveau format, je ne le vois pas encore comme une révolution. J’ai conscience de l’importance du moment, c’est un immense changement et j’ai la chance d’y participer. Même si je ne suis pas d’accord. On nous a demandé de faire preuve d’optimisme. Alors hauts les cœurs !
Plus petit, plus beau, plus fort ?