Vous qui suivez attentivement ce blog, et qui j’espère l’appréciez, vous vous demandez certainement comment je fais pour à chaque fois illustrer avec tant de justesse mes écrits par de magnifiques photos… C’est tout simple, c’est mon métier ! Et en toute modestie bien sur, je vais vous expliquer exactement en quoi il consiste, comment je suis arrivée à ce poste et quel peut être l’avenir de ma profession.
Quand j’étais jeune, rappelez-vous, ma passion pour le sport et plus particulièrement le football m’ont guidée vers des études pour travailler dans le milieu du journalisme. Recalée à l’entrée d’un DUT journalisme du côté de Bordeaux, j’ai toutefois choisi la voie de la communication en intégrant un IUT information/communication, option documentation d’entreprise à l’IUT de Paris V. Ce titre peu glamour regroupe toutes les tâches liées à l’information présente dans une entreprise, de sa collecte à sa diffusion, en passant par la structuration de bases de données. Avec ce diplôme, on peut travailler dans des centres de ressources ou des services d’information d’entreprises, des cellules de veille ou des services d’archives. Les métiers qui en découlent sont divers et variés : documentaliste, iconographe, chargé de veille, webmestre, ou community manager. À l’époque où j’ai débuté ma formation, on commençait à beaucoup parler de veille informative et c’est ce qui m’intéressait le plus.
Et le moment de lier ma passion et mon futur métier est arrivé à la fin de la deuxième année du DUT, stage de 3 mois en entreprise, je découvre avec joie que le journal L’Équipe dispose d’un grand service photos et d’un fonds iconographique démentiel, avec des archives remontant jusqu’à la fin du 19e siècle ! Embauchée à la suite de mon stage, j’ai donc commencé ma carrière de documentaliste. Avec mes collègues, nous nous occupons de gérer la base photo, c’est à dire toutes les productions faites par les photographes du staff et les photographes pigistes. Prenons pour exemple un match de foot. Lorsqu’un photographe se déplace sur un événement, il envoie une partie de sa production pendant la mi-temps, une autre partie à la fin du match et enfin, la totalité de ses photos après le match. Et c’est là que nous entrons en jeu. Il faut «enregistrer» le reportage, en lui donnant un numéro, un intitulé, une date, un lieu, un nom d’auteur et un tas d’autres informations. Tout est prédéfini dans ce que nous appelons un «thésaurus», c’est une sorte de dictionnaire de tous les mots que nous sommes amenés à utiliser, mots que nous devons respecter sans changer, sous peine de ne plus pouvoir ensuite retrouver les photos. Une fois que ces premières informations sont notées sur les images, nous légendons chaque photo, en décrivant les personnes et ce qu’elles font. Là encore, il faut respecter une norme de légende. Bien sur, avant de légender une photo, il faut éliminer les photos floues, mal cadrées ou inintéressantes. Une fois que le reportage est complet, on le bascule dans les archives et on passe au suivant. On a chacun nos sports préférés, à force de légender telle ou telle équipe on reconnait facilement les sportifs. Il y a des sports plus faciles que d’autres à légender.
Depuis quelques années maintenant, nous faisons aussi de l’iconographie. Ce métier consiste à chercher et trouver des photos pour illustrer des articles. En général, on reçoit l’article de la part du rédacteur, on le lit et on cherche quelle photo pourrait l’illustrer au mieux. On reçoit aussi des demandes directes, sans avoir l’article sous les yeux. Il y a les articles qui racontent un fait précis, là c’est facile, il suffit de chercher la photo de l’événement en question. Il y a aussi des recherches plus complexes, où on va chercher à illustrer des idées, des propos de sportifs, des portraits de joueurs. C’est un côté de mon métier que j’adore, on peut parfois donner un sens très personnel à une recherche photo, mettre en avant une technique photographique qu’on apprécie ou un joueur qu’on aime beaucoup. C’est une forme d’écriture, on arrive parfois à deviner qui a fait la recherche photo en voyant le résultat final.
Avec la mauvaise santé de la presse française, nos métiers sont en danger. À trop vouloir faire d’économies, on supprime des postes et on mélange ou on multiplie les métiers de ceux qui restent. Tout ça au dépend du résultat. Le papier va disparaître, pas tout de suite mais c’est ce qui nous attend à plus ou moins long terme. L’avenir c’est le digital. Nous nous sommes adaptés, nous travaillons de plus en plus pour des supports numériques. C’est une nouvelle forme du métier qui me plait beaucoup aussi. Pourvu que ça dure !