Quand on me demandait si je voulais allaiter mes bébés pendant ma grossesse, je me vois encore répondre «Oui j’aimerais bien, si c’est possible.» Quand ils sont nés, Isaq si petit, Amel ayant perdu beaucoup de poids le premier jour, le séjour à la maternité et l’allaitement n’ont pas été un grand moment de plaisir. Une fois rentrée à la maison, la confiance légèrement entamée à l’hôpital est remontée en flèche après la visite d’une super sage femme et de précieux conseils. Je les ai donc allaités, en donnant des compléments à Isaq tant qu’il n’avait pas atteint les 3 kg et en donnant quelques biberons de lait à Amel quand elle avait encore faim (et que son frère avait pris le relais à la tétée). Je racontais déjà ici il y a quelques mois à quel point j’aimais allaiter et ce que ça représentait pour moi.
Quand ils ont eu 5 mois, nous sommes passés à un allaitement mixte, j’étais heureuse car je continuais à allaiter, au final c’était comme si je donnais le sein exclusivement à un bébé. Quand ils ont eu 9 mois, Amel a décidé que le sein, ce n’était plus pour elle. J’ai essayé de lui proposer encore quelques fois mais non, elle boudait la tétée et préférait le biberon. Isaq lui continuait à téter sans se soucier des changements, il arrivait même à terminer les biberons de sa soeur assez souvent. Et là encore j’étais contente, car mes deux enfants étaient alimentés en lait comme ils le souhaitaient et moi je continuais à allaiter un enfant. Je n’avais pas encore repris le travail, je suis persuadée que si mon allaitement a duré si longtemps c’est grâce à ça.
Et là, plus de 22 mois après leurs naissances, après des milliers de tétées, des moments de complicité, des moments délicats aussi dans les premières semaines, des ras le bol donnant envie d’arrêter, des tétées de jour, de nuit, à la maison, au parc, à la plage, dans l’avion, chez le docteur, dans la voiture, bref partout, j’ai donné mes deux dernières tétées, une le soir, une le matin, avant notre première longue séparation, mes bébés et moi.
Pour des questions d’organisation, nous avons planifié nos vacances pour avoir une semaine chacun seul avec les enfants et deux semaines tous ensemble. La dernière semaine d’août était celle où ils sont partis pendant que je travaillais.
Il n’y a pas eu de larme, pas de tristesse, j’ai expliqué à Isaq que nous allions être séparés quelques jours, et que quand il reviendrait il n’y aurait plus de tétées. Je m’étais toujours dit que ce serait lui qui déciderait quand arrêter mais finalement c’est venu de moi avant. Il a bien essayé de soulever le tee-shirt de son père pendant leur semaine de vacances et s’est très vite habitué à son biberon par la suite. À leur retour, il a demandé le sein, j’ai dit qu’il n’y avait plus de lait. Ça m’a fait un peu mal au coeur de lui mentir, je pense qu’en essayant on aurait pu tirer quelques gouttes de lait.
Quand je regarde en arrière, je suis heureuse de cet allaitement long. Heureuse d’avoir pu partager ces précieux instants avec mes bébés, heureuse d’avoir des centaines de photos souvenir, heureuse d’avoir discuté sur le sujet, que ce soit dans la vraie vie ou sur le net.
C’est la fin d’un chapitre, le début d’un nouveau.