«Maman, je suis triste, je ne pourrai jamais jouer avec Ilian parce qu’il est au Ciel»
«Maman, tu sais aujourd’hui Ilian il nous envoyé plein de soleil et on est resté dehors pendant toute la récré grâce à lui !»
«Peut être que quand on sera dans l’avion on pourra voir Ilian sur son nuage»
«Vous savez, il nous manque que Ilian et notre famille elle serait complète»
Toutes ces phrases que prononce notre grand garçon me remplissent le cœur de joie et fierté… Quand nous avons perdu Ilian, très égoïstement au début, je voulais un autre enfant rapidement pour lui parler de lui, du grand frère formidable qu’il aurait dû avoir, de l’ange gardien magnifique qui veille sur lui et surtout, l’entendre prononcer son prénom…
Puis Adil est né et il était parfaitement naturel de continuer à lui parler d’Ilian, comme nous l’avions fait tout au long de la grossesse. Nous lui avons expliqué qu’il y avait eu un autre bébé avant lui, que notre famille comptait 2 fils. Ça n’a pas été difficile de le faire, car il n’était pas encore temps d’aborder le sujet de la mort, nous parlions d’un ange, d’un petit bébé sur son nuage. Je ne sais pas si la méthode employée était la bonne mais Adil a très vite compris qu’Ilian était là, bien présent dans nos têtes et dans nos cœurs mais qu’on ne pouvait pas le voir.
Nous n’avons jamais hésité à aller au cimetière avec lui, même tout bébé. Et quand il a grandi, qu’il a été en mesure de comprendre où nous étions, chaque visite nous a montré à quel point Ilian était présent dans son esprit. Le voir caresser son prénom sur la stèle, le regarder arroser les plantes avec soin, l’entendre lui parler et lui demander d’envoyer du soleil «mais pas trop comème» pour faire durer les fleurs…
Sa naissance a bien refermé la plaie béante qu’avait laissé le départ d’Ilian, ses mots et ses pensées la font cicatriser jour après jour…
Ces derniers temps, il nous parle beaucoup de lui. Nous avons essayé de lui expliquer pourquoi Ilian était décédé, ce qui n’est pas évident vu que nous ne savons pas vraiment ce qui est arrivé. Comment lui faire comprendre quelque chose que nous même n’avons pas compris… Comment répondre à ses «pourquoi» alors que personne n’a jamais pu répondre aux nôtres… Nous lui avons donc dit la vérité. Le cœur d’Ilian s’est arrêté de battre quand il était dans mon ventre. Quand il est né, il était déjà mort et c’est pourquoi, depuis c’est devenu notre Ange.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a toujours au fond de moi ce sentiment de colère et d’injustice lié au décès de mon fils. Sentiment qui ne faiblit pas quand je pense à mon autre garçon qui grandit avec le souvenir de son frère décédé. Comme si l’insouciance de son enfance était ternie par ce drame qu’il n’a pas vécu mais qu’il subit malgré tout.
Je parle un peu moins d’Ilian à Amel et Isaq. Quand ils étaient tout bébés, j’avais le temps de leur murmurer son histoire, de les assurer de sa protection. Maintenant c’est différent, tout va plus vite je trouve avec les suivants, qui plus est quand ils sont 2… Mais ils ont quand même cette étincelle dans le regard quand je prononce le prénom d’Ilian, comme s’ils comprenaient déjà. Quand ils s’endorment dans mes bras, ils tiennent parfois serré dans leurs petites mains le médaillon que j’ai autour du cou. Ils le serrent comme s’ils s’y raccrochaient.
Très bientôt aura lieu la Fête des Anges. Cette année, nous irons lâcher les ballons avec nos 3 bébés espoirs. Que de chemin parcouru depuis la première fois où, en 2007, accablés de chagrin, nous avions vécu notre premier lâcher de ballons. Tout le monde a grandi, tout le monde a changé. Sans aucune modestie je vais avouer que j’aime la personne que je suis devenue. Grâce à mon ange, mon premier fils, Ilian… Merci mon bébé…