Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez certainement ce que représente ce symbole. Ce ruban rose et bleu est utilisé par les parents qui ont perdu un bébé, avant la naissance ou dans les premiers mois de sa vie. Le deuil périnatal est un traumatisme important et rarement abordé par les gens qui ne l’ont pas vécu.
La journée de sensibilisation au deuil périnatal a lieu tous les 15 octobre. Cette journée permet d’ouvrir le débat et de lancer une réflexion sur la prise en charge des parents touchés et le soutien qu’il doit leur être apporté. Il n’est pas rare que les parents endeuillés soient confrontés à des lenteurs administratives ou des maladresses de la part du personnel hospitalier, parfois peu aguerri à ce malheur qui n’est pas si rare que ça.
Un autre symbole fort a vu le jour depuis quelques années, c’est la Fête des Anges. Dans plusieurs villes du monde, des parents se réunissent et lâchent symboliquement des ballons (blancs, bleus ou roses) vers le ciel. C’est un moment très fort, chargé d’émotions et important pour les parents endeuillés qui se retrouvent et se soutiennent et où leurs petits bébés décédés sont, une fois n’est pas coutume, les rois de la fête. La Fête des Anges a lieu un week-end d’octobre, en lien avec la journée du 15 octobre.
J’entends souvent dire que le deuil périnatal est tabou dans notre pays et je ne suis pas vraiment d’accord avec ça. Je ne dirais pas qu’il est tabou, plutôt qu’il est méconnu et qu’il fait peur. Tant que vous n’y êtes pas confronté, de près ou de loin, ce n’est pas un sujet que vous aborderez, que ce soit avec vos amis, avec votre médecin ou à l’état civil de votre mairie. Nous avons eu la chance, dans notre malheur de ne pas être confrontés à des problèmes qui auraient ajouté à notre peine. Avec le recul, il y a forcément des choses que j’aurais aimé changer. À la maternité, j’aurais aimé qu’on nous propose de prendre des photos, même si sur le moment ça nous aurait semblé déplacé et inapproprié. J’aurais aimé qu’on prenne ses empreintes de pied et de main, autant de souvenirs que nous aurions pu partager avec nos autres enfants. Le seul problème que nous avons rencontré a eu lieu avec la mutuelle, qui après nous avoir versé la prime de naissance nous a demandé de la rendre parce que notre enfant n’était pas né viable. C’est arrivé parce que tout est géré par ordinateur et que la machine n’a pas de côté humain, on coche des cases et la machine répond en fonction. Après avoir parlé à une vraie personne et en lui expliquant que cet argent avait servi à payer le cercueil du petit et qu’on s’en serait tout à fait passé, tout est rentré dans l’ordre, les excuses ont suivi et je pense qu’ils n’ont plus géré les décès de bébés de la même manière après ça. Comme je le disais plus haut, ce n’est pas un tabou, juste l’ignorance de ce qui peut malheureusement arriver à tout le monde. Pour mes grossesses qui ont suivi, notre histoire a toujours été prise en compte, tant sur le plan médical que psychologique. Je suis reconnaissante aux médecins pour ça mais je sais que ce n’est pas le cas de tous les parents touchés. Comme je comprends la détresse des parents endeuillés qui se heurtent à l’administration pour faire inscrire leurs anges sur leur livret de famille. Un pays comme le Canada est en avance sur nous, comme c’était déjà à le cas il y a presque 10 ans, quand nous avons perdu notre fils.
Je trouve que les moyens de communication actuels ont permis de démocratiser la parole et de faciliter le partage et qu’ils apportent un soutien indéfectible. Quand j’ai envie d’aborder ce sujet, on me répond toujours. Je connais les gens à qui je peux parler de mes états d’âme, je sais qu’ils seront toujours là pour parler d’Ilian. Une seule journée dans l’année, on peut se dire que c’est peu. Mais c’est déjà pas mal. Et si ce 15 octobre est l’occasion pour vous de vouloir en parler ou de poser des questions, le but sera atteint.
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