J’ai une sœur. Une petite sœur. Nous avons 22 mois d’écart. Nous sommes très proches. J’ai beaucoup de souvenirs d’enfance avec elle. Des moments complices et des instants de chamaillerie, des éclats de rire et des colères, des rapports sains entre sœurs je dirais. Sa fille est née 2 mois avant Amel et Isaq, partager nos grossesses a été très particulier, je crois que ça nous a encore plus rapprochées.
Mon mari a un frère et une sœur. Ils ont 11 ans et 13 ans d’écart. Ils sont très proches également. J’ai connu ma belle sœur quand elle avait 13 ans, je l’ai vue grandir et devenir une femme. Elle se confie beaucoup à moi, me demande des conseils. Au fils du temps elle est devenue ma deuxième petite sœur.
Adil est notre deuxième enfant. Ilian, notre ainé, est un ange. Adil a grandi avec cette idée qu’il avait un grand frère au Ciel qui veillait sur lui, le protégeait. Il nous parle régulièrement de lui, il a toujours un mot gentil quand on regarde le ciel et dès qu’il reçoit un ballon gonflé à l’hélium il nous demande s’il peut le lâcher pour l’envoyer à son grand frère. C’est le meilleur petit frère qui soit. Même si lui ne se considère pas comme cela.
Avec la naissance des jumeaux, Adil est devenu grand frère. Et il prend son rôle très au sérieux. Il est fier comme un coq quand on lui demande s’il est content d’avoir une sœur et un frère. A la boulangerie, il surveille la poussette et dès que quelqu’un s’en approche il fait barrage.
Il commence à s’amuser avec eux, les fait rire et a quelques petits accès de jalousie.
Mais pourquoi les bébés boivent leur biberon avant que moi je mange ? Moi aussi je veux prendre un bain…
Et pourquoi je ne vais plus jamais dans la poussette ? Maman, tu peux m’acheter des compotes comme les bébés…
J’aime déjà voir le lien qui les unit. Ils sont complètement captivés par leur grand frère. Ils le cherchent quand il n’est pas là, tournent la tête dès qu’il parle. Et quand il les regarde, leur parle ou fait le fou pour eux, ils éclatent littéralement de rire.
4 ans les séparent, c’est un bon écart d’après moi. Adil est assez grand pour comprendre que ce sont encore des bébés et qu’ils sont fragiles, qu’ils ont besoin de Papa et Maman un peu plus que lui. Quand je donne le bain à l’un des bébés, je confie très facilement le second à la garde d’Adil. Bébé dans le transat, Adil se poste devant et chante, danse ou raconte une histoire. Ça évite les crises de larmes pour quelques minutes. Par contre, quand il n’est pas disposé à aider, il ne faut rien lui demander. Et je comprends ça et n’insiste pas.
Entre Amel et Isaq, c’est encore différent. Je sais que le lien qui unit les jumeaux est particulier. Je me souviens de ces moment où, pendant la grossesse, j’avais vraiment l’impression qu’Isaq taquinait sa sœur. C’était celui des deux qui bougeait le plus, sans doute parce que c’était le plus petit. Il lui en a donné des coups de pied. Du coup, pour compenser, elle lui piquait sa ration. Et c’est comme ça qu’elle lui a mis 1.2 kg dans la vue…
Au début on avait l’impression qu’ils ne voyaient pas l’autre bébé. Ils ont bien saisi la présence de l’autre vers 3 mois. Maintenant ils échangent des regards, ils se sourient, ils se touchent, ils se griffent, ils se font rire. Ils font également quelques petites crises de jalousie. Quand j’en ai un dans les bras, parfois l’autre me regarde avec des yeux qui disent « Mais pourquoi tu ne me prends pas moi ? »
Est ce qu’il y aura un dominé et un dominant ? Un meneur et un suiveur ? Est ce que le fait d’avoir un grand frère va changer la donne ? Je me pose plein de questions à ce sujet. Je ne pense pas qu’il y ait une façon particulière d’élever des jumeaux. Pour l’instant, ils nous guident l’un et l’autre par leurs personnalités, leurs caractères, leurs petites habitudes que nous connaissons bien maintenant. Ils sont déjà différents sur tellement de points. Je me réjouis pour eux de cette relation. Ça doit être chouette d’avoir un jumeau !
«Un frère est un ami donné par la nature.»
Gabriel-Marie Legouvé